Prince Waly aux Ardentes, le miraculé du rap français
On oublie parfois que les artistes ont une vie privée, avec leur lot d’ennuis. En 2019, Prince Waly apprend qu’il est atteint d’un cancer du thymus et perd l’usage de sa voix. Après un long combat qu’il gagne, le rappeur est de retour sur scène plus déterminé que jamais. Portrait d’un rappeur au talent incontesté.
Prince Waly représente Montreuil, haut et fort. Cette banlieue parisienne, qui a toujours été un laboratoire musical, il l’a dans les veines. Il y est né, y a grandi et y vit encore. Avant de vivre de la musique, il y était aussi animateur de maternelle. Et depuis le début de sa carrière, il a toujours mis en avant d’autres artistes de sa commune via de nombreuses collaborations.
C’est donc dans les rues de Montreuil que Prince Waly, de son vrai prénom Moussa, a débité ses premières rimes. Il s’inspire de Lunatic et de Mobb Deep. A l’époque, il traîne avec son ami d’enfance Fiasko et ensemble, il formeront le groupe Big Budha Cheez qui aura son petit succès entre 2012 et 2018.
En parallèle, Prince Waly se rapproche du collectif Bon Gamin (Myth Syzer, Ichon, Loveni). Un premier morceau en solo produit par Myth Syzer, Clean Shoes, est très bien accueilli et lui fait envisager la possibilité d’une carrière solo. En 2016, il sort son premier EP Junior, toujours produit par Syzer. Prince Waly se fait remarquer par son charisme naturel, son style vintage très tape-à-l’œil et surtout par son niveau de rap. Un flow hyper technique, plein de rebondissements et une écriture qui rappelle la jeune époque d’Oxmo Puccino, passé maître dans l’art du storytelling. Junior est aujourd’hui considéré comme un classique du rap français et un hommage à l’old school.
Après quelques années de doute, le rappeur revient en 2019 avec son deuxième EP solo, BO Y Z. Le projet est salué par la critique. Prince Waly y passe plusieurs morceaux à raconter des histoires de gangsters, faisant de nombreuses références à l’univers mafieux du cinéma américain de la fin du vingtième siècle. Le storytelling élevé au rang d’art. On y retrouve de nombreuses collaborations, notamment Feu! Chatterton, Alpha Wann, Enchantée Julia ou TripleGo. Quelques extraits pour vous faire bouger la tête : Doggy Bag, Marsellus Wallace. Au passage, rendons hommage à l’esthétique extrêmement travaillée des clips, ce qui a toujours été au centre de l’univers visuel de Prince Waly. Charismatique, on vous a dit.
Mais Moussa se fait arrêter net dans sa lancée par une terrible nouvelle : il est atteint d’un cancer du thymus. Une maladie qui lui fera temporairement perdre l’usage de ses cordes vocales. Un long chemin dans l’ombre l’attend. Pendant deux ans, il se bat dans le silence et l’intimité et finit par se soigner. Le 30 mars 2022, Waly fait son retour sur le devant de la scène avec un single, Walygator, qui sera suivi de son premier album en septembre, Moussa. D’habitude très discret sur sa vie personnelle, il y aborde pour la première fois des thèmes intimes, comme sa maladie et sa jeunesse. Il s’ouvre musicalement aussi, s’essayant au chant sur Problème (ft. Luidji & Makala), BBF et élargissant ses horizons musicaux, notamment dans le choix des productions. Toute fin 2023, il sort BO Y Z vol.2, une sorte de retour aux sources, du kickage à l’ancienne, une plume aiguisée et une esthétique de gangster. Belly (ft. Dinos) et Charm el-Cheick en sont quelques exemples.
S’il est sûr que Prince Waly fait partie des murs de Montreuil, il a aujourd’hui largement dépassé les frontières de sa ville. Il fait l’unanimité au sein du rap francophone, tant par son talent que sa détermination à surmonter les épreuves. Aujourd’hui, le rappeur est en pleine forme et a atteint une maturité artistique qui fait plaisir à entendre.
Ne le manquez pas aux Ardentes, ce jeudi 11 juillet !